FCO et MHE, impact sanitaire et commercial – 26 octobre 2023

FCO – MHE : La France est déclarée infectée de Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) sérotype 8 depuis 2007 et sérotype 4 depuis 2017. Depuis début août, un nouveau sérotype 8 se diffuse depuis le sud du Massif central et le sérotype 3 a été détecté aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. Dans le même temps, le virus de la Maladie Hémorragique Epizootique (MHE) est entré en France depuis la frontière espagnole.

Ces pathologies des ruminants partagent de nombreux points communs, même si l’impact clinique est variable suivant les espèces.

FCO – MHE, des maladies vectorielles

Ces deux maladies sont provoquées par des virus de la famille des Orbivirus, identifiés par leur sérotype (32 pour la FCO, 8 pour la MHE). Il n’y a pas de transmission directe, ce sont des insectes piqueurs, les culicoïdes, qui diffusent la maladie. Les femelles piquent tous les 3 à 4 jours et c’est à l’occasion de ce repas de sang que se fait la contamination. La survie (une vingtaine de jours en moyenne), l’activité (principalement du crépuscule à l’aube) et la dispersion de ces moucherons piqueurs sont fortement influencées par les variables météorologiques telles que la température (au-dessus de 13 °C), l’humidité, l’agitation de l’air (déplacement 2 à 5 km par jour, beaucoup plus par grand vent), la phase lunaire… Les désinsectisants utilisés classiquement chez les ruminants ont une efficacité moindre sur les culicoïdes et nécessitent des traitements tous les 7 à 10 jours.

FCO sérotype 8, un nouveau virus présent…

Si la découverte de cas cliniques début août dans l’Aveyron ne constituait pas une surprise, la FCO type 8 circulant en France régulièrement, le nombre de foyers et leur virulence ont conduit à identifier plus précisément le virus. Il ne présente aucun lien génétique avec le virus historique, il s’agit donc d’un nouveau variant sans que l’on puisse expliquer son origine. A ce jour, le virus a poursuivi sa diffusion et 10 départements du sud du Massif central ont déclaré des foyers. Il est très probable que la vaccination actuellement disponible contre le BTV 8 soit efficace contre cette nouvelle souche et des études sont en cours pour le confirmer.

… avec un impact clinique plus important sur les ovins…

La FCO est une maladie à déclaration obligatoire, toute suspicion doit être signalée au vétérinaire sanitaire de l’exploitation. Après 1 semaine d’incubation, les signes cliniques apparaissent : hyperthermie, difficultés de locomotion, ulcérations dans la bouche avec difficulté à s’abreuver, croûtes sur le mufle, jetage ou encore langue bleue (ovin), lésions sur les trayons. De nombreux animaux peuvent être malades (jusqu’à un tiers du troupeau en ovin et 10 % en bovin). De la mortalité chez les ovins et les bovins est également présente, y compris chez des adultes, les caprins semblant moins sensibles. La circulation du virus a également un impact majeur sur la reproduction, avec des animaux non gestants et le sérotype 8 a la capacité de passer la barrière placentaire, entrainant la naissance de nouveau-nés malformés (hydrencéphalie, micrencéphalie…).

Source : Clinique vétérinaire de St Affrique : Les signes cliniques principaux sont l’hyperthermie, les lésions buccales et de la face qui entrainent des difficultés d’abreuvement et les boiteries.

… et des mesures aux échanges déjà mises en place

Maladie classée CDE dans le cadre de la LSA, si l’éradication de la maladie demeure facultative, des mesures de surveillance, déclaration et contrôles aux mouvements sont mises en œuvre au sein de l’Union européenne. Cela passe par une vaccination certifiée par le vétérinaire sanitaire datant de plus de 60 jours. Des mesures d’assouplissement peuvent être mises en place, pays par pays (vaccination plus de 10 jours, PCR négative pour l’Italie…). Pour les pays tiers, chacun fixe ses exigences, qui peuvent évoluer en fonction de la situation sanitaire (pas de sortie de foyer pendant 6 mois pour l’Algérie par exemple). Pour les échanges nationaux, il n’y a pas d’obligation mais une désinsectisation des animaux et des moyens de transport est vivement recommandée.

MHE, une pathologie émergente…

Apparue il y a 70 ans aux États-Unis sur les cerfs de Virginie, cette maladie s’est diffusée sur les autres ruminants avec un impact plus important sur les bovins. Depuis 2006, les variants 6, 7 et 8 étaient présents au Maghreb et à l’automne 2022, plusieurs cas ont été déclarés quasi simultanément en Sicile, Sardaigne et en Andalousie. Cette synchronicité laisse penser à une traversée de la Méditerranée de culicoïdes, portés par le vent. Pendant l’été 2023, la maladie a traversé la péninsule ibérique et les premiers foyers français ont été confirmés le 19 septembre 2023 dans les départements 64 et 65. La maladie se diffuse depuis progressivement.

… avec un impact clinique important sur les bovins…

Comme la FCO, la MHE est une maladie à déclaration obligatoire. Si les petits ruminants semblent globalement peu sensibles au virus, les bovins présentent de nombreux signes cliniques proches de ceux observés pour la FCO : hyperthermie, difficultés de locomotion, ulcérations dans la bouche avec difficulté à s’abreuver, croûtes sur le mufle, jetage. La morbidité est d’environ 10 % et la mortalité probablement supérieure à 1 %, principalement liée aux difficultés d’abreuvement. Il n’existe pas pour l’heure de vaccin contre cette maladie.

Source : Clinique vétérinaire du Causses Les signes cliniques principaux sont l’hyperthermie, les lésions buccales et de la face qui entrainent des difficultés d’abreuvement et les boiteries.

… et des blocages aux échanges

La maladie est classée DE dans le cadre de la LSA. Dès qu’un foyer est déclaré, une zone réglementée de 150 km est mise en place, qui évolue toutes les semaines en fonction des cas déclarés. Les animaux issus de cette zone ne peuvent plus être exportés dans l’Union européenne, sauf pour l’Espagne qui a réouvert ses frontières le 10 octobre 2023 et l’Italie le 16 octobre. La sortie de zone en France peut se faire sous couvert d’une désinsectisation de plus de 14 jours et d’une PCR MHE négative de moins de 14 jours. Tous les pays tiers ont fermé leurs portes aux animaux français et là aussi des négociations sont en cours.

Une nouvelle menace avec des foyers de FCO type 3 observés aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne

Ce variant n’avait jamais été observé en Europe et son arrivée aux Pays-Bas cet été a surpris tout le monde. Le virus se propage rapidement et le 9 octobre 2023, la Belgique a notifié son premier foyer de FCO type 3, et l’Allemagne le 13 octobre 2023. Il y a fort à craindre que ce nouveau variant se répande en France dans les mois qui viennent, avec les mêmes restrictions aux mouvements que celles observées pour les variants historiques de FCO ou la MHE. L’évolution des vaccins et des règles aux mouvements sont en cours de réflexion.

Dès la déclaration d’un foyer, une zone réglementée de 150 km est mise en place, avec des restrictions aux mouvements nationaux et internationaux. Ce zonage évoluant sans cesse, il convient de consulter régulièrement cette carte.

Pour les éleveurs, une vigilance au quotidien

Ces pathologies étant transmises par des vecteurs, il est très difficile de se protéger. Si aucun vaccin n’existe contre la MHE ou la FCO type 3, la vaccination contre la FCO sérotype 8 reste la meilleure mesure à mettre en œuvre. Au quotidien, observez vos animaux pour identifier les signes cliniques dès le début de leur apparition et les signaler à votre vétérinaire sanitaire, afin qu’il puisse mettre en œuvre les traitements adaptés et les prélèvements réglementaires, et restez vigilants lors des mouvements d’animaux. Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter notre site internet www.gds-poitou-charentes.fr ou contacter votre GDS.

Source GDS Creuse                                                                                                            Publié le 26/10/2023