Les myiases avec la menace Wohlfahrtia magnifica
Une vigilance particulière pour cette campagne
Combattre les myiases : n’hésitez pas à faire les signalements. Une attention particulière est à porter avec la menace Wohlfahrtia magnifica.
Les myiases constituent une parasitose entraînant pertes, coûts de traitements et temps passé. La présence confirmée, dans la zone limousine (Vienne, Haute-Vienne, Charente), de Wohlfahrtia magnifica demande une stratégie COLLECTIVE de prévention et de lutte et un signalement des cas pour un meilleur recensement.
Les mouches et les facteurs favorisant les myiases
Deux mouches provoquent des myiases ovines en France : Lucilia sericata responsable des myiases «classiques» et Wohlfahrtia magnifica qui constitue une nouvelle menace. Leur développement dépend de la réceptivité de l’hôte, du système d’élevage, des conditions climatiques et de la situation géographique. Cette pathologie, très ancienne, s’étend pour plusieurs raisons synergiques : changement climatique et réchauffement de la planète, développement du plein-air, agrandissement des troupeaux, main-d’œuvre se raréfiant entraînant des difficultés de surveillance.
La différenciation entre Wohlfahrtia magnifica et Lucilia sericata, mouche à myiase habituelle de notre zone peut se faire au niveau de la morphologie : Lucilia : Couleur : bleu métallique / Taille : 6 à 11 mm – Wohlfahrtia : Couleur : gris – noir, avec un abdomen avec points noirs sur abdomen blanc + Yeux rouge brique / Taille : 8 à 14 mm
Lucilia sericata dans les zones laineuses
Lucilia sericata se localise plutôt dans la laine avec les larves de stade 2 et 3 à l’origine des lésions. En lacérant la peau, elles creusent des galeries. La toison montre des zones lainées humides, brunâtres et d’odeur fétide avec des centaines d’asticots. La présence d’une tache brune doit alerter. En écartant la laine, des mèches tombent et les asticots sont visibles.
Wohlfahrtia magnifica dans les orifices et en localisation podale
Depuis ces dix dernières années, son extension est importante sur 3 départements: Vienne, Haute-Vienne et Charente. La mouche est présente de mi-mai à fin octobre suivant les conditions climatiques. Elle est attirée par tout écoulement de liquides physiologiques (sang, sérosité, sécrétions vulvaires) d’où les principales localisations des lésions : espaces interdigités, vulve, nombril, plaies. Wohlfahrtia dépose directement des larves qui deviennent des asticots d’environ 1 à 1,5 cm et qui attaquent les chairs en creusant des galeries parfois jusqu’à l’os et provoquent des lésions profondes. Les animaux les plus touchés sont les ovins mais des cas sont également observés sur les bovins ou les chiens.
Le protocole de prévention, d’abord maîtriser les facteurs de risques…
Pour limiter les sources d’attraction pour les mouches, il est avant tout INDISPENSABLE de maîtriser tout au long de l’année les facteurs de risques :
- Affections des pieds: protocole de maîtrise du piétin et des panaris.
- Plaies (tonte, tête des béliers…): soins aux blessures pour une cicatrisation rapide.
- Ecoulement vaginaux (éponges et saillies): rentrée des brebis ou administration insectifuge ou antiparasitaire externe autour de la vulve à la pose d’éponges.
- Coupe de queue: mi-longue pour protéger la vulve et gêner la ponte de la mouche.
… puis appliquer une protection corporelle
Pour une protection corporelle, plusieurs solutions existent:
- Les organophosphorés et les pyrèthres. Ils s’utilisent en pulvérisation, pour-on ou en bain, avec une faible rémanence. L’efficacité sur les animaux se limite à trois semaines, voire moins lors d’attaques de mouches répétées et en forte pullulation. Cela entraîne une répétition des traitements (trois à quatre fois par an).
- Le dicyclanil. C’est la seule molécule avec l’indication de traitement préventif contre les myiases. Son utilisation a permis d’apporter une sécurité dans les traitements et une tranquillité pour l’éleveur, avec une rémanence autour de huit semaines.
- Des solutions naturelles insectifuges à base d’extraits végétaux.
- Des seaux complémentés à l’ail semblent donner des résultats mais nécessitent un dosage suffisant tout en restant appétents.
- Des études sont en cours sur des répulsifs à base d’huiles essentielles.
Une association du Comité de Pilotage (COPIL) et de GDS France pour vous accompagner dans la lutte
Face au fléau des myiases à Wohlfartia magnifica, les professionnels de l’élevage et de la santé animale des zones atteintes ont décidé d’unir leurs efforts en travaillant en commun et en partageant leurs informations au sein d’un Comité de Pilotage (COPIL)Wohlfahrtia et en association avec GDS France. Le COPIL Wohlfahrtia a mis en place des supports de communication. En complément, des informations transmises par GDS France sont disponibles. Nous vous rappelons que ce protocole de prévention permet de lutter collectivement pour limiter l’extension de cette myiase et sa pression en élevage.
Des aides financières du FMGDS possibles pour les éleveurs adhérents des zones concernées
Dans le cadre de cette lutte collective, les éleveurs de la zone des 30 km autour des foyers recensés en 2020 et ayant réalisé des traitements préventifs pendant toute la période à risque sur l’ensemble de leurs animaux peuvent constituer un dossier. L’indemnisation peut intervenir jusqu’à 75 % du montant de la facture d’achat des produits ayant une AMM (modalités précises auprès de votre GDS). Les éleveurs adhérents de la zone concernée recevront un courrier pour la constitution de leur dossier en fin d’année.
Soyez acteur, remontez vos observations
La stratégie de lutte est à adapter à l’élevage et prend en compte les facteurs suivants: réceptivité de l’hôte, système d’élevage, conditions climatiques, situation géographique et choix de la molécule à utiliser, le tout associé à une surveillance accrue en période à risque et à une rapidité d’action en cas de problème. Si vous êtes confronté ou si vous connaissez la présence de myiases à Wohlfahrtia sur un secteur, faîtes-nous remonter l’information afin de confirmer et d’avertir vos collègues sur la zone.
(article GDS Creuse)